Définition de DOLENT, ENTE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : do-lan, lan-t'

DÉFINITIONS

1
Qui souffre et se plaint. Une femme dolente. Mais nonobstant l'effort, dolent en son courage.... Régnier, Élég. V.
Mais si le sentiment de la misère humaine Vous fait avoir pitié d'une dolente reine
de Jean de MAIRET dans Sophon. III, 4
...La trop dolente mère Fit dans l'abord force larmes couler
de Jean de LA FONTAINE dans Fauc.
Mais j'avais, lui vivant, le teint d'un chérubin, L'embonpoint merveilleux, l'oeil gai, l'âme contente, Et je suis maintenant ma commère dolente
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Sganar. II
On ne voit plus sa fille, et la pauvre Isabelle Invisible et dolente est en prison chez elle
de Jean RACINE dans Plaid. I, 5
... Que ma fille Va ranimer ta dolente famille !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Enf. prod. I, 1
Qui exprime la douleur. Un langage dolent. Une mine dolente.
Et vous êtes de celles Qu'un air triste et dolent rend encore plus belles
de Jean de MAIRET dans Sophon. III, 2
[ Cette muse] Qui, le glaive à la main, du diadème ornée, Vient au peuple assemblé, d'une dolente voix, Pleurer les grands malheurs, les empires, les rois
de André CHÉNIER dans Élég. X
Ainsi, mon oncle, vous tenez toujours à ce mariage, dit le jeune homme d'une voix dolente
de CH. DE BERNARD dans la femme de 40 ans, § V
2
Nature : Substantivement.
Lauzun imagina, se portant à merveille, de faire le dolent et de demander la permission d'aller aux eaux d'Aix-la-Chapelle
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 149, 173
Exceptez-en quelques vieilles dolentes, Des jeunes soeurs jalouses surveillantes ; Il était cher à toute la maison
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Vert-Vert, I
Messire Jean Chouart confortait le dolent, assistait le mourant
de Paul Louis COURIER dans I, 192

REMARQUE

1
Aujourd'hui, dans l'usage le plus ordinaire, dolent emporte une idée de moquerie ou du moins d'exagération dans la plainte.

HISTORIQUE

1
Xe s.
E por els es doleants [tu es dolent pour eux]
dans Fragm. de Valenc. p. 468
2
XIe s.
Franceis mourront, Charles en ert [sera] dolent
dans Ch. de Rol. LXXIV
3
XIIe s.
[Il] Fera maint cuer dolant
dans Ronc. p. 20
Tex [tels] as ocis, dont mere en ert [sera] dolente
dans ib. p. 76
[La flamme] Dont tantes fois [je] me claim dolent et las
dans Couci, X
Se nuls morist [mourut] pour avoir cuer dolent....
dans ib. XXII
De ce [je] sui au cuer dolente, Que cil n'est en cest païs
dans DAME DE FAIELE, dans Couci
Ensi en sunt chacié li parent saint Thomas, Vunt en autre païs dolent, chaitif e las, E portent lur enfanz, lur robes e lur dras
dans Th. le mart. 64
Por coi est doneie la lumiere al dolent, e vie à ceaz [ceux] ki en amertume d'aumes [d'âmes] sunt ?
dans Job, 464
4
XIIIe s.
Si en furent moult dolent et moult irié, et moult en eurent grant pitié
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XCI
Car cil qui a le cuer dolent, Sachiés de voir [vrai], il n'a talent De dancier ne de karoler
dans la Rose, 333
Nus n'en est plus dolens que cil qui le cop dona
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXIX, 8
5
XVe s.
Tant lui deplut ce dolent departir, qu'onques mot ne sut dire
de LOUIS XI dans Nouv. XXII
6
XVIe s.
Robes de prix et joyaulx [nous] mismes bas, Pour prendre noir, la dolente couleur, Guidon d'ennuy et mortelle douleur
de Jean des Mares ou Des Marets, dit Jean MAROT dans V, 211
Il veut que l'on applique la ventouse sus la partie dolente
de Ambroise PARÉ dans XV, 68

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. dolens, de dolere (voy. DOULOIR) ; norm. douillant. Quant à la forme doleant, qui est dans un très ancien texte, et qui est confirmée par doléance, elle suppose un verbe doloier ou doleier, dérivé de douloir.

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